Interview exclusive de Corinne Muller : parcours et passion pour l'audiovisuel

Corinne MULLER
Corinne MULLER

Ton parcours et tes origines

  • Peux-tu me raconter ton parcours et ce qui t'a amenée dans l'univers de l'audiovisuel ?

J’ai commencé ma vie professionnelle dans le domaine artistique mais côté « musique » puisque je gérais les fans club de plusieurs artistes (Roch Voisine, David Hallyday, Sylvie Vartan…). De ce fait, j’avais un rôle de « journaliste », j’étais tous les jours en contact avec les maisons de disques, producteurs, managers, agences de photos… J’écrivais des articles, choisissais les photos et mettais en pages les revues format papier qui étaient adressées aux fans adhérents.

J’ai côtoyé pendant de nombreuses années beaucoup de personnes de ce milieu (chanson ou cinéma, les deux étant souvient liés) et j’ai toujours adoré cela.

Puis la vie m’a amené vers d’autres horizons professionnels mais j’ai toujours croisé sur mon chemin des personnes proches de ce milieu (un signe du destin peut-être !).

Ma fille participant à des tournages depuis son enfance, j’étais toujours présente pour l’accompagner sur les plateaux. Un jour, une personne de l’équipe d’un film m’a expliqué qu’ils cherchaient du monde pour faire de la figuration sur un futur projet… En pause et en recherche de reconversion professionnelle à ce moment, je me suis laissée tenter. Finalement, je me suis rendue compte que la fibre artistique était toujours en moi mais avait été mise en veille le temps de m’occuper de ma fille. J’ai donc décidé (malgré la période COVID) de voir si cela pouvait m’amener quelque part ! Ma pugnacité, la chance, le hasard des rencontres et ma bonne étoile ont fait que je n’ai pas lâché et suis désormais comédienne (intermittente du spectacle) !

  • Quelles expériences, personnelles ou professionnelles, t'ont le plus marquée ?

Tout d’abord, je crois qu’il faut croire en son destin mais qu’il faut aussi l’aider et que finalement toutes les expériences sont importantes. Même dans les négatives, j’essaye de me dire (après coup) que finalement elles ne sont pas là pour rien et j’en tire le positif d’un point de vu personnel ou professionnel.

J’ai adoré m’occuper des fans club d’artistes et particulièrement celui de Roch Voisine quand c’était une période dingue pour lui juste après « Hélène ». Rencontrer ses fans et leur faire plaisir en leur communiquant des infos inédites au travers des revues dont j’étais l’investigatrice et découvrir et côtoyer toutes les personnes qui tournent autour d’un artiste et lui permettent d’établir une notoriété.

Côté tournage, c’est ma première figuration pour le film « Aline » de Valérie Lemercier sur Céline Dion. Je crois que je me souviendrais toute ma vie du message reçu pour me dire que j’étais prise. Admiratrice de Céline Dion et adorant l’univers de Valérie Lemercier, j’allais cumuler les 2 ! OK ce n’était que de la figuration mais quelle première figuration ! D’ailleurs je crois que j’ai gardé ce même enthousiasme que ce soit pour faire de la figuration, avoir un rôle ou être silhouette.

Je prends toujours autant de plaisir à aller travailler sur un plateau, chaque tournage est différent et j’aime savoir que je vais retrouver des copines et copains « de tournage » et faire de nouvelles rencontres.

Ta polyvalence et tes formations

  • Qu'est-ce qui t'a motivée à explorer des domaines aussi variés que la comédie (rôle, silhouette, figuration), le doublage et la voix off ?

J’ai toujours été curieuse de tout ! C’est souvent au fil des rencontres et conversations sur les plateaux de tournage que j’ai compris que je pouvais m’ouvrir à d’autres activités artistiques.

Pour la comédie, je m’amusais souvent à donner de la voix à mon lapin qui se prénomme «Hollywood». Je faisais comme si c’était lui qui parlait et finalement ça faisait souvent rire ma fille. Et depuis petite j’adore me déguiser. Alors de fil en aiguille, me mettre dans la peau d’une concierge, une prof, une infirmière… ça m’a semblé normal ! Le doublage m’a toujours fasciné, j’ai voulu voir et comprendre les techniques que l’on devait avoir. Ce n’est pas un métier facile, il y a plusieurs façons d’utiliser sa voix. J’aime beaucoup faire du « voice over », c’est une méthode qui consiste à superposer sa voix traduite par-dessus la voix originale (souvent utilisée pour les documentaires, reportages, téléréalités).

J’avoue que j’aime particulièrement la publicité et je suis fière d’avoir posé ma voix « off » pour les hôpitaux publics, un projet vraiment très intéressant pour les appareillages auditifs pour les jeunes enfants. Jouer dans des publicités m’amuse aussi beaucoup car j’aime bien ces petits formats.

Il y a également la lecture audio. Lorsque ma fille était petite, j’avais pris l’habitude de lui lire un livre à haute voix tous les soirs. Mettre le ton et faire vivre les personnages pour créer une histoire m’a toujours amusé, il me manquait un peu de technique pour essayer de devenir professionnelle. Le milieu de l’enfance avec les comptines m’attire beaucoup, j’espère pouvoir enregistrer prochainement de belles histoires. Un autre challenge !

Concernant les silhouettes, très honnêtement je ne connaissais pas ce terme avant qu’on me le propose. Il y a les silhouettes seules, où l’on est visible et reconnaissable dans une ou plusieurs scènes et les silhouettes parlantes où l’on doit dire quelques mots, seule ou face aux comédiens. J’ai la chance d’en faire régulièrement et j’avoue que cela m’amuse beaucoup.

  • En quoi tes formations (voix off, lecture audio, improvisation théâtrale) ont-elles façonné ta carrière ?

Je pense que si je n’avais pas fait les formations de voix off et lecture audio, j’aurais été mal à l’aise et stressée et je ne suis pas certaine que l’on m’aurait proposé de faire cette grande publicité pour les hôpitaux parisiens notamment. Grâce à ces formations, j’ai pu repartir avec des extraits enregistrés pendant les cours, de différents styles et qui m’ont permis d’être plus légitime et d’avoir un peu plus de visibilité pour postuler à des annonces. Apprendre la technique, apprendre à se connaître et à connaitre sa voix c’est essentiel pour donner le meilleur de soi et coller au mieux aux attentes des Directeurs de casting.

Le théâtre d’improvisation m’a aidé à « lâcher prise ». Avant j’avais l’impression que c’était « Corinne » que l’on regardait et non le personnage que je représentais ! Cela m’a permis de me désinhiber, ne pas rester toujours dans ma zone de confort en ne jouant qu’un personnage qui me ressemble. Je prends de plus en plus de plaisir à aller vers des rôles qui sont totalement à l’inverse de ma vraie personnalité, comme la fois où la chanteuse Yseult m’a demandé dans son clip de jouer la secrétaire très énervée qui devait jeter son ordinateur par terre et faire un doigt d’honneur de colère face caméra !

Corinne MULLER et Roch VOISINE
Corinne MULLER et Roch VOISINE

Corinne MULLER et Roch VOISINE au Fan Club

Ton approche artistique et tes collaborations

  • Comment décrirais-tu ton approche artistique sur un plateau de tournage ?

L’enjeu n’est pas le même si on vient pour de la figuration, une silhouette, silhouette parlante ou un rôle même petit. Dans les deux derniers cas, il y a de la préparation pour apprendre le texte, bien lire le synopsis et essayer de s’imaginer ce que l’on peut éventuellement proposer suivant les attentes des équipes. Mais d’une manière générale, j’essaie de bien dormir la veille pour être en forme et à l’écoute des consignes pour ne pas faire perdre de temps aux équipes qui travaillent d’arrache pied depuis longtemps sur le projet.

  • Quelles qualités personnelles apportes-tu à chaque projet sur lequel tu travailles ?

Tout d’abord, je veille à ne jamais arriver en retard, pour éviter tout stress (de mon côté mais aussi de la Team tournage). Je préfère attendre que de me faire attendre.

Quel que soit le projet, être toujours de bonne humeur sur un plateau de tournage et avec le sourire : « le positif attire le positif » ou comme on dit « Positive attitude » ! De ce fait, je suis toujours à l’écoute des consignes que l’on me donne et rien de tel que de travailler dans la bonne humeur, ça permet aussi de limiter le stress.

Je suis parfois force de proposition lorsque je vois que l’équipe est surbookée mais que de mon côté je peux apporter quelque chose de plus, comme proposer un accessoire, un geste adapté à la scène, une tenue qui ira parfaitement …

Tes réalisations et tes défis

  • Peux-tu nous parler d'un projet ou d'une expérience qui t'a particulièrement marquée et nous expliquer pourquoi ?

J’ai vécu tellement de belles expériences depuis toutes ces années que c’est difficile de choisir…mais je vais vous parler de la série « La Belle et le boulanger » avec Amir, Mathilda May…

J’étais prévue pour deux journées de tournage en figuration puis silhouette. Arrivée avec de l’avance le 2ème jour, l’assistante réalisatrice vient me voir pour me dire que c’était à moi de jouer dans moins d’une heure. Petit moment de doute, je lui montre que mes deux répliques sont à la toute fin du BAT « Bon A Tourner ». Après discussion avec le Directeur de casting, il s’avère qu’un rôle n’a pas été casté et attribué. On me demande alors si j’accepte de prendre le rôle et y ajouter mes deux répliques prévues. Il faut savoir qu’il ne me restait plus de ¾ d’heures avant le début du tournage pour m’habiller, me faire maquiller et coiffer et surtout apprendre le texte face à Mathilda May, une comédienne professionnelle extraordinaire que j’admire beaucoup. Je décide de relever le défi. Aidée par un comédien qui me fait travailler les répliques, je me jette à l’eau avec néanmoins une belle boule au ventre mais l’envie de me challenger ! Le tournage a été super rapide et peu de prises ont été nécessaires, le réalisateur était ravi de mon travail et de mon investissement et Mathilda a été d’une gentillesse et d’une confiance absolue à mon égard. J’avoue que cette expérience reste magique car tout s’est fait très vite mais c’est un super souvenir, même si le soir j’étais vidée ;)

  • Comment gères-tu les défis et les imprévus lors des tournages ?

Pour ce dernier défi, je dois dire que le stress était bien présent ! J’essaye de bien respirer pour canaliser mon énergie et de bien m’hydrater. Je pense à des choses positives et surtout je me dis que j’ai une chance folle que cela m’arrive à moi. Je dois donc rester dans le positif et profiter du lieu et du moment. Je me dis vraiment que si cela m’arrive c’est qu’il n’y a pas de hasard, alors oui je ne vous cache pas que j’ai parfois mal au ventre, mais une fois que je réalise où je suis, ce que je fais et parfois avec qui je suis, le stress part vite et j’ai l’impression de vivre un rêve !

Conseils et vision pour l'avenir

  • Quels conseils donnerais-tu aux jeunes talents qui souhaitent percer dans le cinéma et l'audiovisuel ?

Il faut croire en ses rêves. Effectivement ce ne sera pas facile tous les jours, être intermittent du spectacle n’est pas de tout repos, c’est un travail quotidien (même les week-ends !). Trouver un minimum de 43 cachets par an semble facile mais il y a toujours beaucoup d’imprévus, d’annulations et de plus en plus de concurrence. Mais si on y croit, que l’on s’en donne les moyens et que l’on est pugnace tout est possible ! Vous avez droit à des formations, profitez-en, il n’y a pas d’âge pour apprendre.

Quelques règles simples :

- avoir toujours de belles photos récentes (portrait et en pieds),

- un CV artistique, à jour

- une bande démo (même au départ avec des images de courts métrages ou chez soi en action),

- répondre aux annonces de casting seulement si le profil correspond (inutile de faire perdre du temps aux Directeurs et Chargés de casting si vous ne cochez pas les cases demandées) sinon vous risquez de vous « griller » directement !

- essayer de trouver le « petit truc en plus » que vous avez

- rester positif !

- veiller à être visible sur les réseaux sociaux (à notre époque c'est un moyen de communication essentiel !)

  • Quels sont tes projets futurs et comment vois-tu l'évolution de ta carrière ?

Je suis en réflexion sur plusieurs formations pour élargir mes compétences.

Toujours à l’affût de nombreux projets car je réponds dès qu’une annonce pour un casting me correspond. J’espère avoir la chance et la joie d’avoir de belles opportunités que ce soit pour le cinéma, la télévision, la voix off ou la publicité.

Je vois chaque nouveau projet comme un nouveau challenge et un épanouissement professionnel et personnel.

Je garde toujours en moi cette phrase de Walt Disney : « Rêve ta vie en couleur, c'est le secret du bonheur ».

Merci Corinne pour cet échange riche et sincère.

Nous sommes convaincus que ton parcours et ta vision inspireront de nombreux professionnels et passionnés.

Nous te souhaitons beaucoup de succès pour la suite et espérons que cette interview ouvrira de nouvelles opportunités de collaboration.

                                                                                                    Article rédigé le 08 Juin 2025

Corinne MULLER dans le clip d'Yseult - B**** You could never
Corinne MULLER dans le clip d'Yseult - B**** You could never

Corinne MULLER dans le clip d'YSeult - B**** You could never - 2024